Entretien

Publié le 06/07/2020

Entretien avec Marguerite Abouet - "Aya de Youpougon"

Marguerite Abouet répond à nos questions sur Aya de Youpougon
3 juin 2013

Marguerite, quels sont les liens entre vos souvenirs d'enfance en Côte d'Ivoire et ce que vous racontez dans "Aya" ?
Le lien principal est ce quartier - Yopougon - où je suis née et où j'ai grandi jusqu'à l'âge de 12 ans. Sinon, je m'inspire la plupart du temps d'inconnus dont je m'amuse à imaginer la vie à partir de quelques phrases entendues ou de personnes que je croise et dont la personnalité m'a marquée. Les histoires individuelles, les destins incroyables, le tempérament de ceux que je rencontre, et en particulier ceux qui n'ont pas grand-chose d'autre que leur détermination, m'inspirent beaucoup. Sinon, lorsque je vais en Côte d'Ivoire, il suffit que je m'assoie sur un tabouret dans l'allée devant la maison pour voir mes futures histoires défiler devant mes yeux.

Chaque nouveau volume est pour vous l'occasion d'aborder plus particulièrement un grand thème. Cette fois, c'est la religion...
Oui, la série s'inspire du réel et traite en filigrane de nombreux sujets de société comme la maternité, l'émancipation des femmes, les rapports entre tradition et modernité, l'homosexualité en Afrique, l'accès à l'éducation, etc. Il est vrai qu'aujourd'hui de nombreuses Églises autoproclamées se développent et font leurs choux gras de la détresse d'une certaine partie de la population. Ce phénomène n'est d'ailleurs pas propre à la Côte d'Ivoire, mais nous avons constaté qu'elles rencontrent un engouement grandissant là-bas : messes-concerts dans les stades pour les veillées funèbres, guérisons miraculeuses, etc. Beaucoup de jeunes «pasteurs» ont vu leurs affaires fructifier.

 

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